3 ans d’impulsion pour la biodiversité avec le programme Biodiversity Impulsion Group de l’OID


Les partenaires de BIG présents à la conférence
Les intervenants de la conférence de BIG

Le 21 novembre, le Biodiversity Impulsion Group (BIG) a célébré ses trois ans lors d’une conférence à la Maison de l’Architecture de l’Île-de-France. Cet événement a marqué la conclusion d’une première phase riche en actions et collaborations pour intégrer la biodiversité dans les pratiques immobilières. La matinée a également ouvert de nouvelles perspectives pour renforcer la prise en compte de la biodiversité dans ces pratiques et pour assurer la continuité du programme.

Consultez le replay de l’évènement ici.

Le lien entre biodiversité et climat : des solutions fondées sur la nature et les coûts de l’inaction

L’événement a rassemblé un large éventail d’acteurs : entreprises de l’immobilier, bureaux d’études, collectivités, cabinets de conseil et experts scientifiques, autour de la thématique de la biodiversité.

Mireille Khattar Zepf, responsable du programme BIG à l’OID, a salué les contributions des partenaires du programme : « Ces trois années ont démontré que l’innovation, la collaboration et la persévérance peuvent ouvrir la voie à des transformations durables. Aujourd’hui, c’est le moment de regarder vers l’avenir et de continuer à avancer ensemble. »

Alexia Leseur, ingénieure économiste et experte du changement climatique et de la transition écologique, a souligné que les solutions fondées sur la nature offrent des alternatives économiques et flexibles pour répondre aux enjeux d’adaptation au changement climatique.

Intégrer le vivant dans les stratégies d’adaptation permet non seulement de réduire les coûts économiques liés à l’inaction, mais aussi de générer des co-bénéfices tels que le rafraîchissement urbain, la gestion des eaux pluviales et l’amélioration de la santé humaine.

Les discussions ont également mis en lumière le défi des indicateurs : contrairement aux émissions de CO₂, la biodiversité ne dispose pas encore d’une unité de mesure universelle, ce qui complique l’évaluation des impacts et des dépendances. Néanmoins, les investissements dans les solutions fondées sur la nature et la renaturation de nos villes sont des solutions à privilégier.

« BIG picture » : la biodiversité grand format

La conférence a ensuite abordé les avancées post-COP 16. Sylvie Gillet, Head of Biodiversity & Economy chez OREE, a présenté les conclusions de cette conférence internationale, mettant en évidence les progrès réalisés par les entreprises pour inclure la biodiversité dans leurs stratégies. Cependant, elle a également souligné les défis persistants, notamment le financement insuffisant et la pression exercée par certains groupes d’influence pour freiner les objectifs. Sylvie Gillet a également mis en lumière la plateforme Entreprises et Biodiversité, qui propose un catalogue d’outils et de démarches pour les différents acteurs.

Nirmala Séon-Massin, directrice de l’expertise au Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), a rappelé l’importance d’une approche systémique : les actions ne peuvent plus se limiter aux politiques et à la conservation. Tous les acteurs, des aménageurs aux entreprises, doivent intégrer les enjeux de biodiversité dans leurs stratégies.

Guillaume Moukala Same, chargé d’études économiques chez Astères, a présenté les résultats d’une étude démontrant la valeur économique générée par les espaces verts en milieu urbain :

  • – 500 millions d’euros économisés grâce à la réduction des maladies.
  • – 1,8 milliard d’euros en séquestration carbone.

Ces chiffres soulignent l’importance des investissements en faveur de la nature et des espaces végétalisés.

Cette première partie de la conférence s’est conclue par un entretien avec Laurence Monnoyer-Smith, directrice du Centre National d’Études Spatiales (CNES). Elle a mis en lumière des recherches menées par les programmes spatiaux, notamment la surveillance des forêts et des pressions exercées sur elles, le suivi du taux d’artificialisation des sols, ainsi que les opportunités offertes par les satellites pour le suivi des migrations d’espèces et la cartographie de corridors écologiques essentiels.

Le message de Laurence Monnoyer-Smith au secteur de l’immobilier et au public de la conférence était : « Continuons à travailler ensemble en utilisant tous les outils à notre disposition. Aujourd’hui, venez nous voir (le CNES), venez nous demander de l’aide et dites-nous ce dont vous avez besoin pour que nous puissions vraiment collaborer. »

« BIG actions » : passage à l’action, retours d’expérience et outils opérationnels

La dernière table ronde de la conférence a réuni des acteurs clés du secteur immobilier, des collectivités et des entreprises paysagistes, qui ont partagé leurs retours d’expérience et leurs propositions pour intégrer davantage la biodiversité dans leurs pratiques.

François Darchis, Maire-Adjoint délégué à l’environnement, aux projets innovants et au développement durable à la Ville de Versailles, a souligné les nombreux bénéfices qu’apportent la nature et la biodiversité à la population locale. Selon lui, une politique réussie repose sur plusieurs éléments fondamentaux :  l’importance d’adopter une démarche progressive, basée sur une politique claire, lisible et adaptée aux attentes des habitants. Il a également évoqué la nécessité d’une approche transversale au sein des équipes municipales, avec des services qui dialoguent et collaborent activement.

La co-construction avec les citoyens, incluant des initiatives de sensibilisation et de pédagogie, constitue également un pilier essentiel pour assurer l’adhésion et la compréhension de la population. Enfin, il a mis en avant l’importance de mettre en œuvre des actions visibles, capables de démontrer concrètement les résultats obtenus.

Catherine Pouliquen, Directrice RSE chez Crédit Agricole Immobilier, a rappelé que la biodiversité est un enjeu particulièrement sensible pour le secteur immobilier. Elle a souligné que des outils comme le label BiodiverCity, combinés à des formations dédiées aux équipes, permettent de transformer les intentions en actions concrètes tout en sensibilisant les parties prenantes à ces questions cruciales.

De son côté, Luc Rode, Responsable Transition Environnementale du Groupe Nexity, a mis en lumière l’importance de former et de sensibiliser les équipes en interne et l’intégration d’écologues dès les premières étapes des projets immobiliers, ce qui favorise une prise en compte plus aboutie de la biodiversité. Bien qu’il ait reconnu que la crise économique représente un frein pour de nombreuses initiatives, il a tenu à souligner que le programme BIG avait permis à Nexity d’intégrer cette expertise écologique en amont, avec des résultats tangibles.

Nicolas Leroy, Président de Leroy Paysages et représentant de l’Union Nationale des Entreprises du Paysage (Unep), a présenté l’importance du secteur du paysage, qui regroupe 34 000 entreprises en France, dont deux tiers sont représentés par l’Unep. Il a expliqué que l’Unep avait commandé l’étude menée par Astérès, mentionnée lors de la première table ronde, avec pour objectif de disposer de données fiables permettant d’offrir des solutions concrètes aux acteurs de l’immobilier et aux collectivités.

Nicolas Leroy a également insisté sur plusieurs aspects essentiels. Il a notamment mis en avant la nécessité d’investir dans des espaces végétalisés durables, qui, s’ils sont entretenus de manière minimale, prennent de la valeur au fil du temps. Il a également souligné l’importance de la continuité des sols et de la prise en compte du cycle de l’eau dans les aménagements paysagers. Enfin, il a appelé à une réflexion collective sur la valeur des investissements, qui ne doivent pas se limiter à la parcelle concernée, mais être envisagés en termes de bénéfices écosystémiques à l’échelle du quartier.

Pour conclure la table ronde, Pierre Darmet, Directeur des relations institutionnelles de l’Unep et animateur de la conférence, a rappelé que la politique des petits pas reste une approche essentielle pour progresser. Il a insisté sur le rôle crucial du secteur privé dans la préservation du bien commun, la nature. Enfin, avec Cathrine Pouliquen, ils ont souligné l’importance de la formation, de la pédagogie et de la transmission des compétences, des leviers essentiels pour convertir les idées en actions concrètes et durables.

Les outils de BIG et les perspectives

Depuis 2021, BIG a développé des ressources clés pour la filière, notamment l’outil d’aide à la décision BIODI-Bat. Accessible sur la plateforme R4RE de l’OID, cet outil cartographique offre divers indicateurs pour aider à la décision, tels que l’évaluation de la favorabilité d’un bâtiment au vivant, les différents enjeux écologiques d’un territoire, ou encore l’estimation des co-bénéfices liés à la nature, comme le rafraîchissement urbain et l’amélioration de la santé publique.

Lors d’une vidéo, l’équipe du programme BIG au sein de l’OID – composée de Mireille Khattar Zepf, Aminetou Ciré, Philomène Pagès et Pauline Kajl Abadie – a retracé les accomplissements des trois premières années du programme, mettant en avant leurs engagements personnels et les perspectives pour l’avenir.

Sabine Goueta Desnault, présidente du Comité d’orientation de BIG, a souligné les progrès réalisés tout en rappelant qu’il reste encore beaucoup à faire : « Aucun autre secteur n’a structuré une stratégie de biodiversité comme l’immobilier. Pourtant, nous devons accélérer et faire de la biodiversité une priorité opérationnelle. »

Dans cette perspective, le programme Biodiversity Impulsion Group (BIG) s’engage à renforcer son impact en continuant à innover et à fédérer. Parmi ses priorités figurent le développement d’un parcours de formation dédié à la biodiversité, conçu pour accompagner les professionnels de l’immobilier dans l’intégration de cette thématique à leurs pratiques.

BIG poursuivra également l’amélioration de ses outils et indicateurs, notamment BIODI-Bat, afin de proposer des solutions toujours plus robustes et adaptées aux enjeux du secteur. Enfin, le programme continuera de jouer un rôle clé dans la sensibilisation et la collaboration entre les acteurs publics et privés, consolidant ainsi sa position de catalyseur pour un immobilier plus respectueux de la biodiversité.